Posted inarticles / Publications

Devenir zen, une question de choix

Plusieurs personnes décident de travailler dans le business du wellness pour atteindre une paix intérieure. Devenir professeur de yoga, nouvelle voie du bien-être ? Pas nécessairement. «On ne devient pas serein de par la nature de nos activités professionnelles», soutient Erik Giasson. Voici pourquoi.

Il n’y a pas une journée qui passe sans que quelqu’un me dise à quel point je suis chanceux dans la vie. Chanceux ? Oui. Chanceux d’être professeur de yoga, d’être propriétaire d’un studio de yoga avec un style de vie « zen ». Oui, ma vie est relativement « zen », mais c’est un choix que je renouvelle à tous les jours et que j’intègre dans chaque parcelle de ma vie. On ne devient pas serein de par la nature de nos activités professionnelles… On le devient en tant qu’individu à part entière, dans toute son intégralité, et avec intégrité. C’est effectivement un privilège d’avoir cette vie, tout comme lorsque je travaillais à Wall Street en finance… Le recul et le cheminement au quotidien m’ont fait comprendre que la chance réside avant tout dans l’accomplissement de soi, dans la réalisation de notre nature véritable et bien entendu dans la reconnaissance et l’appréciation de cette chance au quotidien. Mon choix est surtout celui de changer ma façon de percevoir, d’accueillir, puis ensuite de réagir aux événements de la vie.

Je connais plusieurs personnes qui vivent en paix et en pleine conscience dans le monde corporatif, celui de la finance ou en tant qu’entrepreneur. Je connais tout autant de professeurs ou propriétaires de studio de yoga qui sont déprimés, en détresse et à l’extérieur de leur vie ! C’est l’état d’esprit qui permet d’atteindre le bien-être, pas notre profession.

Devenir zen n’a jamais été pour moi un objectif en soi. J’ai malheureusement (ou heureusement) dû me heurter plusieurs fois, souffrir, puis encore souffrir, pour arriver à éprouver l’envie de prendre un certain détachement sur ma vie. J’ai alors réalisé que les événements de ma vie n’étaient qu’une illusion (maya) et une projection de ce que j’acceptais bien de voir. Cette vision (bien filtrée par ma subjectivité) n’était en fait que le reflet de mon égo, qui me comparait et qui me différenciait des autres, qui luttait pour survivre. Lorsque je travaillais dans le milieu de la finance, je me souviens avoir passé des journées à me défendre et à protéger mon ego. J’interprétais les actions de mes collègues et de l’entreprise pour qui je travaillais selon ce qui me donnait le plus, ou ce qui me donnait le moins. Plus de pouvoir ou moins de pouvoir, plus de valeur, ou moins de valeur.

Pour plusieurs le travail occupe une place importante qui définit notre image et notre rôle social. C’est le pilier sur lequel repose l’estime de soi. Il est ainsi légitime d’être affecté par notre vie au travail et d’y réfléchir. Or, lorsque nous passons nos journées à être littéralement envahis par ces pensées, nous ne sommes malheureusement pas dans l’action ou dans la pleine réalisation de notre travail. En fait, nous passons à coté d’une opportunité de nous accomplir pleinement et de porter notre attention à l’instant présent. N’est-ce pas une perte de temps incroyable que de constamment occuper son temps à cogiter, à compter, à évaluer ce que l’on gagne ou ce que l’on perd ? À se protéger, à se défendre, à se faire dominer par son ego ? C’est en donnant le meilleur de nous-mêmes sans se préoccuper de flatter notre ego que nous arrivons à une forme de satisfaction intérieure. Et même si après tous ces efforts, nous ne nous sentons toujours pas nourris, dans une autre dimension, nous effectuons le travail nécessaire pour réaliser votre mission de vie véritable (notre Dharma). Voila pourquoi l’essentiel, c’est de se donner entièrement au travail et d’y déployer le maximum d’énergie.

Je n’ai aucun regret, mais si j’avais eu cet éveil lorsque j’étais à Wall Street, j’estime que mon parcours professionnel m’aurait mené ailleurs, mais surtout que j’aurais probablement excellé d’avantage. J’aurais réalisé plus tôt que mon travail constitue un réel privilège et une opportunité sans fin pour me réaliser. J’aurais terminé de blâmer mon patron, mes collègues, de me préoccuper de mon salaire, de me considérer sous-payé. J’aurais été un peu plus zen.

Aujourd’hui, oui, je suis chanceux. Grâce à ma pratique spirituelle, je ne laisse pas mes pensées se perdre et s’écarter sur des événements sur lesquels je n’ai aucun contrôle. En réalité, la seule et unique chose que je contrôle c’est de choisir la manière dont je perçois le cours des événements, en délaissant mon ego. Je suis chanceux, car je me sens éveillé et j’accepte plus facilement les mouvements de la vie, beaux et moins beaux, faciles ou plus difficiles. Ma chance, c’est de donner le meilleur de moi, comme entrepreneur, comme professeur de yoga et comme conférencier, sans tenter d’être meilleur que les autres, mais on donnant réellement tout ce que j’ai au fond de moi, avec tout mon cœur.