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De la vérité pour Noël SVP!

Année après année, nous nous posons toujours la même question : quoi donc se souhaiter pour les fêtes, pour la prochaine année? Cette si belle période de réjouissances peut parfois être intense pour plusieurs d’entre nous, car elle nous invite à toutes sortes de remises en question. De la santé? Du bonheur? Du succès?

De la vérité s.v.p.!

Personnellement, je vous souhaite de la vérité; d’en recevoir autant que d’en offrir. Pourquoi? Par ce que je suis obligé d’admettre que, dans notre société, nous ne cultivons pas toujours la vérité. À un point où l’on devient expert dans l’art de déformer la vérité, de l’éviter pour simplifier, ou même de l’ignorer pour « mieux » vivre.

Une enfance surprotégée

Dès notre plus jeune âge, nos parents évitent souvent la vérité. Ils nous racontent des histoires, transforment la vérité; tout cela en pensant nous protéger. Même quand ils se chicanent, ils trouvent le moyen de nous faire croire que tout va bien. Enfin, c’est ce qu’ils nous disent, alors on les croit! Et qu’en est-il de ces fameux contes de fées, si éloignés de la vérité? Mis à part le petit chaperon rouge, ou à quelques exceptions près, les histoires pour enfants finissent toujours bien…

Le but est évidemment de nous protéger des souffrances potentielles. Mais la vérité, c’est que la vie est une suite d’épreuves, dont certaines peuvent parfois être très douloureuses. Pour y faire face, il faut avoir appris cette vérité, l’avoir vécue et comprise. Car c’est lorsque nous n’accueillons pas la vie telle qu’elle est que les douleurs tournent en souffrances.

Ainsi, si dès notre plus jeune âge les adultes ne nous laissent pas faire face à la vérité et qu’ils nous évitent les épreuves de la vie, nous risquons de ne pas apprendre à développer de l’empathie pour les autres.

Comment vas-tu?

Quand vous posez cette question, êtes-vous prêt à entendre la vérité? Trop souvent, la personne qui la pose n’y est pas réellement et adéquatement préparée puisqu’elle est dépourvue des outils pour le faire. Entendre la vérité de l’autre signifie d’accueillir tout autant ses joies que ses souffrances.

Quant à la personne qui répond, ose-t-elle vraiment dire la vérité? En fait, elle risque de ne pas dire la vérité, croyant que, si elle le fait, que si elle témoigne de sa joie ou de sa souffrance, elle sera plutôt jugée et ne méritera alors probablement pas d’être aimée.

Ainsi, que ce soit la personne qui pose la question ou celle qui y répond, la peur de la vérité, de l’entendre ou de la dire, prend toute la place. Elle est omniprésente.

La vérité du temps des fêtes

Le temps des fêtes est une période qui nous envahit de sentiments souvent contradictoires. D’un côté, ce moment est synonyme de joie, de bonheur. Les enfants sont heureux, leurs yeux pétillent; nous cuisinons, recevons, nous espérons pouvoir nous reposer, jouer dehors, faire du ski, et ainsi de suite. C’est aussi une période propice aux rencontres familiales et amicales. Puis, d’un autre côté, rejaillissent en nous tous de moins beaux souvenirs.

L’heure est également aux bilans, aux dernières activités de l’année, nous faisant faire face à la vérité : la réalité économique dans laquelle nous vivons, nous oblige souvent à faire plus avec moins; le temps des fêtes rime aussi avec fin d’année, boucler le budget, évaluer l’atteinte des objectifs de vente, des heures facturées, prévoir ceux de l’année à venir; corriger des devoirs ou même en faire; et ainsi de suite, selon où nous sommes dans la vie, selon notre occupation. Nous pouvons donc percevoir cette période comme un goulot d’étranglement, parfois très stressant. Le tout, sans compter le fait que de revoir la famille et la belle-famille comporte son lot d’émotions.

Et, lorsque nous devons reprendre le travail, nous sommes souvent épuisés de notre temps des fêtes. Nous n’avons tout simplement pas eu le temps (ou pris le temps) de nous arrêter dans le « ici et maintenant », de façon à permettre justement à la vérité de traverser nos yeux.

La société : une vérité?

La société dans laquelle nous vivons nous fait croire qu’il nous manque quelque chose si nous ne possédons pas le dernier téléphone, la nouvelle voiture, ou que nous n’allons pas en voyage dans le Sud, que nous n’avons pas visité le tout nouveau resto branché. Elle nous fait croire que, sans tous ces luxes, nous ne pouvons pas être complètement heureux et comblés. Mais tout cela fait partie de l’illusion, et non de la vérité qui se vit dans le ici et maintenant.

La vérité du cœur

Est-ce que toute vérité est bonne à dire? Non, celle de l’égo ne l’est certainement pas puisqu’elle provient de notre tête, habitée par la peur, laquelle est souvent en manque, pleine de jugements et jalouse. La vérité qui vient de notre cœur est, quant à elle, toujours bonne à dire puisqu’elle est remplie de compassion et d’empathie. Comment peut-on trouver cette vérité? En cultivant des émotions qui sont près du cœur, telles que, par exemple, la gratitude. Laissez-moi vous partager une vérité, la mienne.

Quelques jours avant Noël, je courais sur le chemin enneigé de mon chalet; j’étais vraiment heureux et même rempli de gratitude de pouvoir courir 6 km. Pour moi, c’était une transformation, et même une révélation, n’ayant jamais été heureux dans le passé des résultats de mes 4 Ironman, de mes demi-Ironman, marathons et autres exploits que j’avais réalisés. Je me suis alors arrêté pour ressentir cette profonde gratitude, laquelle m’habitait maintenant dans toutes les facettes de ma vie. J’ai pensé à l’homme que j’étais avant, toujours obsédé par mon corps, mes blessures, ou du fait je n’avais pas la génétique pour être aussi endurant que ceux qui gagnaient les courses. Aujourd’hui, avec la même génétique qu’avant, portant toujours mes blessures, j’ai tout de même de la gratitude d’avoir ce corps puisqu’il m’a toujours été fidèle et qu’il me permet de continuer à courir, à mon rythme.

Ma vérité

J’ai passé une grande partie de ma vie à vouloir toujours plus, à ne pas apprécier tout ce que j’avais (ma maison, mes voitures, mon travail, mon salaire) et je n’ai pas toujours estimé à leur juste valeur les personnes qui m’entouraient ou qui m’avaient entouré, incluant ma famille. Mais maintenant, j’ai de la gratitude pour tout ce que j’ai dans ma vie : ma famille, mon père qui nous a quittés, mes enfants, ma conjointe, mon studio, mes étudiants, mon salaire, la Volvo du Yogi, mon chalet, mon appartement en ville, et même mes épreuves. C’est dans cette gratitude, laquelle me rapproche de mon cœur et me reconnecte avec le ici et maintenant, libre de l’illusion, que je permets à la vraie vérité de traverser mes yeux. Une vérité qui n’est pas polluée par les désirs de l’égo.

Aujourd’hui, c’est dans cette vérité que je me retrouve, sans jugements et sans envies ni culpabilité, sans jalouser ou critiquer tous les humains qui m’entourent. C’est aussi avec le courage de mon cœur que je permets à la vérité de la sagesse du moment de traverser mes yeux. Pour les fêtes, je vais m’offrir de la vérité, celle du cœur, je vais me respecter et m’accepter sans juger. Je vais aussi offrir la vérité de mon cœur à tous ceux qui m’entourent et leur offrir l’espace pour qu’ils me partagent aussi leur propre vérité. Car c’est dans ce partage de vraie vérité, dans le ici et maintenant, que se trouve l’amour, le vrai, et dans la question de Pierre Yves McSween – « en as-tu vraiment besoin? ».

Pourquoi ne pas s’offrir quelque chose de rare, qui pourra remplir notre cœur et nous nourrir : oui, de la vérité pour Noël s.v.p.!

Namasté