J’ai récemment eu l’occasion de faire une conférence pour l’OAICQ en collaboration avec l’institut de la confiance. Le thème de la journée était la confiance dans le domaine du courtage immobilier. À titre de conférencier invité, j’ai présenté le courage de réussir et mon acronyme ALVAC pour Accepter, Liberté, Vérité, Action et Confiance.
De quelle confiance parlons-nous? Me Donald Riendeau de l’ICQ décrit la confiance de trois façons : une naïve, une conditionnée par notre environnement et une qui est méritée. Tout comme lui, je pense qu’il y a la confiance du cœur (naïve), celle de la tête (conditionnée) et celle de l’équilibre entre les deux (méritée).
La plupart d‘entre nous vivons dans l’illusion ou Maya comme disent les Hindous. Nous projetons nos désirs et nos peurs sur la réalité. Imaginons un vieux diaporama, la lumière se trouve en nous, mais nous superposons à notre insu un filtre qui change la réalité de ce que nous percevons.
J’ai trop longtemps vécu dans ma tête. Je projetais mes peurs et je voulais tout contrôler pour me sécuriser et recevoir de la reconnaissance. Quand je travaillais dans le monde de la finance comme gestionnaire ou comme arbitragiste et que je faisais confiance à ma tête, j’étais habité par l’appât du gain. Je cherchais à prendre et je le faisais par exemple en prenant de grosses positions. Je voulais être important dans le regard de mes pairs. Je me donnais le surnom de « commandant ». Je faisais même semblant d’être très courageux et d’avoir confiance. Cependant, puisque j’étais uniquement dans ma tête, j’étais terrorisé et j’avais très peur.
Il est impossible d’avoir pleinement confiance dans nos gestes ou actions lorsqu’ils proviennent de notre esprit rationnel qui cherche à prendre avec un modèle de valeurs bien différent de celui de notre conscience. Nous vivons dans une société où le succès est synonyme de reconnaissance. En étant uniquement dans notre tête et coupé de ce qui nous nourrit, nous devenons accros à la reconnaissance. C’est pourquoi nous irons parfois à l’encontre de nos valeurs et de notre code d’éthique pour se faire dire qu’on joue un beau rôle dans la société. Il est donc impossible de se fier uniquement à la confiance qui provient de notre tête (notre confiance uniquement rationnelle).
Après la perte de mon emploi en 2008, j’ai été désorienté et j’ai perdu mes repères. J’ai sombré dans la dépression et le yoga m’a sauvé. Puisque j’avais passé trop de temps dans ma tête qui me faisait souffrir, me rapprocher de mon cœur me rendait tellement heureux que je me suis coupé de mon esprit rationnel. À travers les enseignements littéraires du yoga, j’ai découvert la philosophie du laisser-aller appelée « surrender ». Comme j’avais tellement souffert dans le passé à vouloir tout contrôler pour avoir confiance, ce message me faisait du bien. Nous avons tous ce grand cœur en nous et quand il n’est pas supporté par notre tête, il veut tout donner. Mais comment faire pour vivre dans la société actuelle si nos besoins ne sont pas aussi considérés comme une priorité?
J’ai donc tout abandonné avec un laisser-aller inconcevable. Quand on décide de vivre dans ce niveau de réalité tout est parfait. C’est une partie du message du Baghava Gita, se détacher des fruits de l’action. S’il arrive quelque chose de triste, on dit « Karma » sans émotions. C’est à ce moment que j’ai dilapidé mes économies et ma fortune. J’avais donc une confiance naïve. Je spéculais mes économies et je me disais : si je fais de l’argent c’est que je le mérite et si je le perd c’est que je ne le mérite pas, ça sera mon «Karma». J’ai tout perdu et ça m’a fait très mal.
Pour avoir une confiance « méritée » ça prend l’équilibre entre la tête et le cœur. Cet équilibre se trouve dans la pratique de la pleine conscience et aussi dans l’auto observation. Ce que je veux dire c’est qu’avant d’agir, il faut se questionner pour savoir où est ce que nous habitons tant émotionnellement que psychologiquement et spirituellement. Est-ce que nous faisons juste confiance à notre tête ou à notre cœur? Pour réussir à trouver cet équilibre si précieux, j’ai trouvé une réponse à travers les enseignements de Ram Dass et de son gourou Neem Karoli Baba. Pour se rapprocher de sa conscience, il faut aimer en premier (se rapprocher de son cœur) et ensuite dire la vérité (avec sa tête).
Il y a une multitude de choses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle dans la vie. Nous avons toutefois le contrôle sur nos actions. D’ailleurs, la qualité de notre vie dépend de la qualité de nos actions. La qualité de ces dernières dépendra de la qualité de l’intention derrière. Cherchons-nous à prendre, à laisser-aller ou à contribuer? La qualité de l’intention elle dépend de la qualité de l’équilibre émotionnelle. Sommes-nous habités par l’avidité, l’envie, la jalousie ou encore vivons nous à Disney Land avec des éléphants roses ou sommes-nous entre les deux?
Une fois l’équilibre trouvé, on trouve le courage d’Accepter ce sur quoi nous n’avons aucun contrôle. On trouve le courage de se Libérer de notre rôle, notre égo et de son besoin de reconnaissance pour reconnecter avec ses valeurs profondes. On peut ainsi enlever la diapositive devant notre lumière (notre âme) et permettre à la Vérité de traverser nos yeux sans jugement parce que ce n’est plus uniquement à propos de nous. On peut voir dans cette vérité les besoins dans la société. On atteint son Dharma comme le disent les Hindous quand on contribue au-delà de soi à partir de ce que l’on a à offrir. Ce qui nous amène dans l’Action, qui émane de notre équilibre, de notre liberté mais pas pour prendre ou pour abandonner mais pour contribuer. Ce qui est intéressant c’est qu’en saisissant bien ce que nous avons à offrir, nous pourrons peut-être atteindre de grands succès et être très bien rémunéré et ça c’est le vrai succès. Une réussite qui ne contribue pas et qui ne nous permet pas de nous réaliser est un véritable échec.
On peut ensuite faire, avoir et être Confiance. C’est certain qu’il y a des résultats qu’on aime plus que d’autres, mais à partir de ce moment-ci nous avons tout fait ce que nous pouvions faire. On peut faire confiance et vivre entre les deux pôles de succès et échec. Cet endroit s’appelle la vie la vraie qui n’est pas teintée par notre tête ou notre cœur, qui n’est ni spirituelle ou matérielle. Dans cet endroit, comme ce n’est ni une confiance uniquement du cœur ou de la tête, elle est ancrée en nous, cette confiance nous habite et devient une façon de vivre avec la foi en nous et en notre mission.